Entretient du lundi FFHB

En plus de son métier d’avocat et de bâtonnier, Rémy Lévy œuvre dans le handball professionnel depuis 2007 (Montpellier Handball, UNIPROS, UCPH, LNH). Président de l’Association Montpellier HB depuis 2011 et vice-président de la LNH, Rémy Lévy a intégré l’équipe de Philippe Bana. Désormais élu au Bureau Directeur de la FFHandball, il est le nouveau vice-président en charge des affaires juridiques et du sport professionnel

Quel a été l’élément déclencheur pour t’engager au sein de l’équipe constituée par Philippe Bana ?
Je connais Philippe depuis de nombreuses années et nous avons souvent échangé, en particulier sur le domaine de la formation, et si les débats ont été parfois passionnés, il a toujours fait preuve d’une grande disponibilité, d’une forte présence sur le terrain et d’une écoute attentive. C’est pour ces différentes raisons que j’ai accepté sa proposition qui va me permettre, au sein de cette équipe, de réaliser de nouveaux challenges. C’est toujours bien de se remettre en question. Et j’ai accepté de m’engager car les missions proposées concernent le secteur professionnel, soit quelque chose de nouveau au plan fédéral avec une mission spécifique et le juridique, mon corps de métier.

Comment vas-tu trouver le temps et l’énergie pour cette charge supplémentaire ?
De manière générale, il faut être vigilant sur la gestion du planning, c’est un effort permanent. Cela passe par une anticipation des temps disponibles qui sont facilités par les modes de communication actuels, telle que la visioconférence, qui permettent de travailler et d’échanger depuis n’importe où. Lorsque Philippe Bana m’a sollicité, dès lors où ma mission de bâtonnier de l’ordre des avocats de Montpellier (1200 avocats) s’achève à la fin de ce mois de décembre, je savais que mon emploi du temps serait alors plus simple à gérer. Car lorsque je m’engage, je le fais pleinement, pas pour avoir un titre supplémentaire sur ma carte de visite.

Ton engagement était déjà fort au niveau de différentes instances nationales…
Je suis arrivé dans le handball, au Montpellier HB, en 2007 puis je suis devenu président du club en 2011, dans le sillage de Robert Molines. Après le décès de Nicolas Bernard, Béatrice Barbusse m’a fortement incité à devenir président de l’UCPH. Avec ma mission à la LNH, je me suis beaucoup impliqué sur les modalités de la convention entre la fédération et la LNH. Le lien est aussi nécessairement fort entre les deux entités concernant l’arbitrage, le rapport à l’équipe de France, l’évolution de la formation, le calendrier des compétitions internationales, le médical…

Et forcément tu vas collaborer étroitement avec le président d’un club voisin, David Tebib, notamment pour la fusion évoquée entre la coupe de France et la coupe de la Ligue…
Le sujet a en effet été mis sur la table l’an passé. La LNH était très attachée à cette épreuve car c’était « sa coupe ». Elle a cependant la volonté de cibler, en priorité, le championnat qui est son produit phare. Avec le passage à 16 clubs, il fallait trouver des dates et la coupe de la ligue a été discutée. Elle ne boostait pas l’économie de la LNH. La Coupe de France, par niveaux, suscite un grand intérêt mais il faut sûrement revoir l’épreuve avec les clubs professionnels et réaliser une belle manifestation commune. Il y a aussi le dossier des droits TV qu’il faut réfléchir en commun pour offrir au handball, la plus belle exposition. La création de l’OTT, lnh.tv, qui est en plein développement et le partenariat avec Gaumont mis en place par David Tebib, vont dans ce sens.

Quelle est ton ambition intime pour la fédération ?
À mon niveau, je pense pouvoir apporter une expertise sur les relations avec le monde professionnel et, entre autres, sur un modèle à construire entre les clubs et la sélection nationale pour une avancée commune optimale, ainsi que sur l’environnement juridique de l’activité de notre sport, lequel est aujourd’hui un secteur incontournable. Au niveau international, avec Philippe, je souhaite porter la voix du handball professionnel auprès de l’EHF, par la voie institutionnelle. Je l’ai souvent dit au sein de la LNH, l’EHF ne connaît que les fédérations et pas les clubs et il était nécessaire de créer ce lien pour porter la voix des clubs au niveau européen en complément de ce que ces derniers font avec le forumclubhandball.

De fait aussi, tu intègres la cellule de signalement de la fédération…
La semaine passée, nous avons déjà effectué une réunion en visioconférence avec Sylvie Pascal-Lagarrigue (vice-présidente en charge de la performance sociale, relations opérateurs publics, intégrité) et Gwenaël Samper, la juriste de la fédération, avec laquelle je collaborais précédemment à la LNH. La cellule fédérale fonctionne bien et elle permet de traiter, avec réactivité, des dossiers sensibles. L’actualité des derniers mois et le nombre d’affaires dans tous les sports démontrent malheureusement la nécessité d’une vigilance permanente.

Un devoir de discrétion et de confidentialité que tu exerces au quotidien s’impose…
Le juridique a pris une place fondamentale dans toutes les activités. J’ai traité de nombreuses affaires sensibles dans ma vie et jamais je ne fais d’interview. Lors de l’affaire des paris, les journalistes me sollicitaient beaucoup mais que ce soit, en tant que président de club et avocat, je suis très attaché à la présomption d’innocence et au secret professionnel. Avec Jacky Bettenfeld, nous sommes faits du même cuir : il n’est pas dans notre ADN de rechercher la médiatisation.

Tu succèdes à un administrateur historique, Jacky Bettenfeld. Quelle est la nature de votre relation et peut-on parler d’héritage naturel ?
Notre relation est difficile à qualifier car le lien entre nous est très fort. Je connais Jacky depuis longtemps et j’ai beaucoup d’affection pour lui. Nous avons bien évidemment souvent échangé sur les sujets juridiques et sur nos problématiques d’avocat. C’est un honneur d’être considéré comme son héritier naturel et de lui succéder.

Quel regard portes-tu sur la campagne et la concurrence entre les trois listes ?
Comme avocat, je suis habitué à prendre des coups. À chaque fois que tu t’exprimes, tu es contredit. Cela étant dit, ce métier m’a ouvert beaucoup de portes et bien servi dans les moments difficiles de la vie du club. Franchement, la campagne n’a pas été vraiment un problème si je la compare à celle que j’ai mené pour le bâtonnat il y a deux ans. Auparavant j’étais élu de la feue ligue du Languedoc-Roussillon. La campagne fédérale était très intéressante : elle m’a permis de revenir sur le terrain, à la fois pour porter le programme et surtout pour bien comprendre la base et ses attentes. Notre équipe est complémentaire, compétente et interchangeable sur beaucoup de thèmes.

Quelles sont les principales remontées du « terrain » ?
Les bases des structures du handball sont très solides. Je crois cependant, c’est le maitre mot de notre programme, qu’il faut créer plus de liens, plus de transversalité. Développer plus de proximité est la chose la plus importante à réaliser car l’attente des clubs est forte. Certains se sentent isolés et en péril et ils doivent faire face à des difficultés financières et à une crise du bénévolat. Développer nos Territoires en nous appuyant sur les clubs professionnels fait partie des pistes intéressantes.

Patrice Canayer était aussi engagé derrière un autre candidat à la présidence fédérale. Cette campagne va-t-elle laissé des traces ?
Franchement, chacun de nous deux a été sollicité et il s’agissait d’un engagement individuel avant tout, ce n’était pas un engagement du club. Et nous avons été sollicités sur des thématiques très différentes. Je travaille avec Patrice depuis près de 19 ans et j’ai un profond respect, et même de l’admiration, pour sa compétence, sa force de travail et son honnêteté. Nous avons traversé, main dans la main, les moments les plus difficiles de l’histoire du MHB et nous continuerons à avancer ensemble.